kékètt - histoires courtes

sexe abstrait | nouvelles peu crédibles | littérature ennuyeuse | science-fiction végétale | essais foireux

10.29.2005

Histoire de cadavre ou presque

"Aïe! Fak!! Le vent a emporté ma rate!", s'exclama Gilbert, qui venait de se faire incinérer. "Que quelqu'un vienne fermer ce foutu pot à la con!".

Le Chat

Un chat ayant attrapé une souris - c'est normal, c'est un chat - se léchait copieusement les griffes de la patte droite... Du sang de bonne qualité, il faut dire; dans cette partie de la ville, les souris bouffaient bio, et leur organisme constituait un mets de premier choix.

Magnanime, il laissa la tête à son maître qui, sagement lové sur son coussin, se nettoyait consciencieusement l'anus et les départements qui l'entouraient. Le chat avait la flemme de nettoyer la litière de son bipède de compagnie... Il était vrai qu'il le négligeait un peu.

10.26.2005

Histoire de brutes

Deux brutes prenaient un pot dans un des bars cosy de la ville. Elles étaient essorées par une journée harassante de taf, et ne pensaient qu'à une seule chose: l'ingurgitation bénéfique de bière pression. Elles discutaient calmement par grognements alternatifs, un genre de langage binaire, vachement pratique, vu l'économie de mots qu'il entraîne.

Après la première pinte, l'une d'elles éclate la tête à Mauricette, la pauvre serveuse, n'ayant pas supporté l'éclat surprenant de son appareil dentaire, qui ne paraît que lorsqu'elle sourit. Pauvre Mauricette, qu'est-ce qui l'obligeait à sourire en plein soleil? Un sale coup de la machine de propagande divine sans doute, dans le but d'insuffler un peu d'action sur cette bien triste planète. Dieu, individu perfectionniste jusqu'à la névrose, trouve que celà ne bouge pas assez sur Terre, une des planètes qu'il affectionne pourtant le plus...

À la deuxième pinte, l'autre brute, jusqu'à présent restée étonnamment inactive, écrase la main de Roger, son cocuficateur, en le saluant d'une ferme poignée. Il en fut très content, et s'en foutut pour un moment que sa femme avalait ce sperme étranger dès qu'il avait le dos tourné. La rage ne le reprit que sept minutes plus tard.

À la troisième, rien n'allait plus: au Bangladesh explose une série de bombes dans des quartiers résidentiels, alors que sur le continent américain, des tornades raflent tout sur leur passage. Saddam Hussein perdait le pouvoir quelques années plus tôt, ce qui n'éveilla que quelques rares remarques d'observateurs étrangers basés à Beyrouth, pour le bien de l'enquête.

À la quatrième, le chant du coq dansa quelques pas de cha cha pour plaire à la galerie. Rien de très sophistiqué, juste de quoi passer du bon temps en compagnie d'un chien de poche et d'une boîte d'allumettes suédoises. Alors que les encombrements fasaient rage, les borborygmes de Melle Raphaelle n'en finissaient plus.

Ce n'est qu'à la cinquième que tout partit en couille. Des glandes mammaires emplissaient les océans alors que des phallus en vadrouille se frayaient un chemin parmi les citrouilles de l'île Ste Madelaine de la Vache Croissante. La contrée était magnifique, un vrai plaisir pour l'oeil, même néophyte et inhabitué à de pareilles merveilles visuelles.

Je me demande s'il y avait une sixième. Les brutes sont vraiment énormes, le pachydermique en eux se sentait de l'autre côté de la planète. Les chinois, assurément, devraient les connaître. Ceux qui nient sont de mauvaise foi.

10.24.2005

La Poule

La poule courait derrière un ver. Becquetant le sol avec virulence, elle ne laissait derrière le passage du lombric que d'énormes cratères béants. "Au secours!!!" penserait la victime si elle pouvait penser, et, en admettant qu'elle pourrait penser, si le concept du "secours" existait entre les représentants de la race des vers. Mais rien n'était moins sûr, et pour pouvoir continuer cette fascinante aventure, nous nous dirons que ce lombric n'appellerait pas au secours, ni en pensée, ni en paroles.

Son bec défaisait la terre, envoyait des particules de sol voltiger nerveusement aux alentours de la zone de frappe. Rien n'était plus violent que cette scène, et toute la basse-cour frémissait lubriquement à l'idée du carnage auquel ils risquent d'assister. La bave d'expectation s'agglomérait sur les comissures des lèves de tout animal doté de lèvres, et pouvant produire naturellement de la bave en quantité suffisante.

Dans une giclée ignoble de matières organiques, la poule, essouflée, les yeux exorbités, rassasia ce sentiment de faim atroce par un morceau d'excrément qui traînait par là. Le ver, lui, rentra à la maison boire un thé au jasmin. Les animaux de la basse-cour, légèrement dépités par la fin un peu standard de cette histoire, s'en allèrent vaquer à leurs occupations.

10.23.2005

Le passant qui passait par la

Il ne savait pas quoi faire: devait-il transporter et cacher le corps quelque part, loin, ou plutôt le faire disparaître, d'une manière ou d'une autre, sans bouger d'ici. La question s'imposait comme une enclume en fonte. Mais, il avait beau réfléchir, il ne savait pas. Vraiment pas. Il demanda l'opinion d'un passant, qui passait par là, vu que c'était un passant. Le passant, bien qu'il passât par là, n'en savait rien non plus. C'est à dire, expliqua-t-il, je ne faisais QUE passer par là, voyez-vous. C'était évident, il ne savait rien. Il se gratte le crâne une fois. Il se gratte le crâne deux fois. Celà lui donna l'idée de plutôt trouver une solution, que de demander à quelqu'un qui passe par là. Plus il approfondissait son idée, plus il se rendait compte que la solution ne se trouvait pas dans ce que les passants ne savaient pas. Celà devenait limpide comme tout. Il voyait le bout du tunnel. Son esprit s'éclaircissait. Des rayons chauds de Vérité Universelle lui caressaient les joues. Il allait réfléchir lui-même à une solution. Et il vit bien que celà était bon.

10.17.2005

Est-ce qu'argot

La fatigue le clouait sur place. Rodonbitte, un escargot pur-sang, après une course qu'il remporta les antennes dans le nez, ne pouvait plus se mouvoir d'un seul millimètre. Il était comme glué sur place, et personne ne pouvait le bouger. Les pompiers l'inondèrent d'une eau claire et puissante, projetée savamment suivant un angle bien déterminé dans l'espoir de voir le liquide solide fondre et se diluer dans le jet magnifique, mais non. Rien n'y faisait. Il était mort, remarquera-t-on quelques mois plus tard, quand on ne retrouva que sa coquille au même endroit. Il n'avait rien pris de ses affaires personnelles, ce qui renforce la piste de la mort plutôt que celle du voyage impromptu. Mais la mort est aussi un voyage impromptu, dirait un philosophe du dimanche après-midi, pour mieux faire valoir la valeur de son esprit vagabond. En effet, répondrait une tante bridgeuse entre deux jets de cartes, pierre qui roule n'amasse pas mousse. Et personne, personne ne pouvait réfuter ce fait.

10.08.2005

... Une Minute de Silence ...

Mes chers amis, pris dans les entrailles d'une profonde tristesse, nous vous demandons de respecter une minute - entière, hein, soyez pas radins! - de silence pour le souvenir de ce, certes turbulent, mais charmantissime homonyme, Le Wass, et de son blog, Le Blog du Wass.

Le Wass, pris par une vague immense et tourbillonnante lors d'une trépidante aventure au large de Hammamet, et après avoir vaillamment combattu les redoutables requins blancs, ainsi que les crocodiles venus du Nil porter secours à leurs amis, finit déchiré et englouti par une meute de crevettes affamées.

Son Blog du Wass, désintégré moralement par la nouvelle, se suicida sur le champ d'un coup de jambon fumé.

Nous demandons la résurrection du Wass. À man.

10.07.2005

La promotion

Une fourmi rêvait d'une promotion. Son patron adorait se faire sucer le pouce du pied droit par sa secrétaire. La secrétaire adorait faire ses courses du soir au Monoprix, accompagnée de sa levrette afghane, Fifi. Fifi adorait bouffer dans les poubelles près du Chef. Le chef géra son resto pendant des décennies, ses fils depuis sa mort. Les fils du chef aimaient beaucoup se faire de la thune, pour sortir des petites souris afin de les rentrer. Les souris attendaient que le chat ne soit pas là. Le chat avait buté un cafard près de la mare aux canard, et était très fier de son exploit, qu'il raconta en détail à une veuve éplorée. La veuve n'entendait rien: ça lui avait coûté assez cher d'enterrer son défunt mari, et elle ne s'en remettait pas. Son banquier lui mettait de plus en plus souvent la main aux fesses. Le défunt mari n'aurait jamais accepté d'être enterré dans un cercueil en bois de cèdre, il aimait les choses simples.