kékètt - histoires courtes

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5.06.2008

M. Dieu et Fornicator

Et M. Dieu fit appeler Fornicator.

"Mais qu'est-ce qu'il peut bien encore me vouloir ce vieux con?"

"Tu m'as fait demander?"

M. Dieu lui tournait le dos, faisant mine de plonger son regard dans le nuage qui s'étendait de l'autre côté de la fenêtre de son bureau. Les mains croisées derrière le dos, il avait la pose de celui qui se tape la pose de celui qui a quelque chose d'important à dire à un employé, mais pas trop vite, afin que celui-ci se fasse un peu d'anxiété en attendant.

Tu vois la pose.

"Fornicator..." commença-t-il, lentement.

Il arrête la phrase au premier mot. Ça fait toujours un effet sympa. Il compte jusqu'à 7. Il sait que moins que ça, c'est pas sérieux, et plus, l'interlocuteur commence à penser à autre chose, détruisant tout le buildup tensionnel délicatement introduit. Il a lu ça sur internet. Il est pas né du dernier déluge.

"... c'est pas bien ce que t'as fait..."

Ça, c'est une autre technique, complémentaire à la première: tu dis à l'interlocuteur que ce qu'il a fait n'est pas bien. Mais tu ne précises PAS ce qu'il a fait. C'est une technique très puissante, chopée dans l'arsenal psychologique militaire des armées du royaume des Cieux de l'époque où il servait en tant qu'officier de liaison dans les services spéciaux.

Fornicator ne voyait pas vraiment où son patron voulait en arriver. Mais il se doutait bien que qulque chose n'allait pas. Il avait, depuis sa plus tendre enfance, une espèce de perspicacité perceptive effrayante. Il SENTAIT quand quelque chose n'allait pas.

"Que veux-tu dire patron?"

M. Dieu ne se laisa pas démonter. Il en avait vu d'autres. Et de plus coriaces. De plus, il connaissait comme sa poche cette astuce, notée dans la page 65 du Petit Manuel du Déni, un ouvrage écrit par et pour les cohortes d'insoumis et de païens qui pullulaient sur la planète Terre. Planète que M. Dieu s'était juré de mettre au pas.

"Fornicator, ne t'aventures pas sur ce terrain."

M. Dieu n'avait pas encore changé sa pose de fenêtre. Il le fera à la prochaine réplique. C'est le meilleur timing. C'est au moment de la réplique de 3ème niveau que la pose doit être modifiée, tout en levant le ton d'un demi décibel. Ça permet un effet maximal.

Fornicator, lui, commençait à suer de grosses gouttes de transpiration à l'urine. Ses phéromones d'insécurité n'échappent pas aux facultés olfactives de son patron.

"Ah! Il est presque à bout!" se dit se dernier en lui-même.

Il savait bien qu'il était 10 fois plus efficace de se dire ses réflexions en soi-même, afin de ne pas en faire profiter l'interlocuteur.

"Il va certainement me faire ma fête pour avoir forniqué la jeune vierge sur Terre... Putain! Je savais bien que j'aurais mieux fait de me taper une prostipute, merde!"

Fornicator avait les aisselles et l'entrecouille en nage. Il puait la peur à des kilomètres.

"Fornicator, tu m'a mis dans une fameuse emmerde, le sais-tu?"

"Mais patron, je... je..."

"Tu quoi?" dit M. Dieu en pivotant sur lui-même à180 degrés, levant le ton d'un demi décibel.

Fornicator était presque cuit et il le savait. Il tomba à genoux, et fondit en larmes.

"ÉPARGNE MOI PATRON!!! ÉPARGNE MOI!!! PARDONNE MOI CAR JE NE SAIS PAS CE QUE J'AI FAIT!!!"

M. Dieu était satisfait à cent pour cent. Son serf avait avoué un crime DONT IL N'A PAS encore été accusé, et celà lui foutait une trique de taré. Comme il avait une subite envie de se faire masturber, il expédia l'affaire très vite en condamnant Fornicator à la broderie à vie sur un nuage lointain.

"Qu'on fasse venir Marie dans mes appartements!"