kékètt - histoires courtes

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10.26.2005

Histoire de brutes

Deux brutes prenaient un pot dans un des bars cosy de la ville. Elles étaient essorées par une journée harassante de taf, et ne pensaient qu'à une seule chose: l'ingurgitation bénéfique de bière pression. Elles discutaient calmement par grognements alternatifs, un genre de langage binaire, vachement pratique, vu l'économie de mots qu'il entraîne.

Après la première pinte, l'une d'elles éclate la tête à Mauricette, la pauvre serveuse, n'ayant pas supporté l'éclat surprenant de son appareil dentaire, qui ne paraît que lorsqu'elle sourit. Pauvre Mauricette, qu'est-ce qui l'obligeait à sourire en plein soleil? Un sale coup de la machine de propagande divine sans doute, dans le but d'insuffler un peu d'action sur cette bien triste planète. Dieu, individu perfectionniste jusqu'à la névrose, trouve que celà ne bouge pas assez sur Terre, une des planètes qu'il affectionne pourtant le plus...

À la deuxième pinte, l'autre brute, jusqu'à présent restée étonnamment inactive, écrase la main de Roger, son cocuficateur, en le saluant d'une ferme poignée. Il en fut très content, et s'en foutut pour un moment que sa femme avalait ce sperme étranger dès qu'il avait le dos tourné. La rage ne le reprit que sept minutes plus tard.

À la troisième, rien n'allait plus: au Bangladesh explose une série de bombes dans des quartiers résidentiels, alors que sur le continent américain, des tornades raflent tout sur leur passage. Saddam Hussein perdait le pouvoir quelques années plus tôt, ce qui n'éveilla que quelques rares remarques d'observateurs étrangers basés à Beyrouth, pour le bien de l'enquête.

À la quatrième, le chant du coq dansa quelques pas de cha cha pour plaire à la galerie. Rien de très sophistiqué, juste de quoi passer du bon temps en compagnie d'un chien de poche et d'une boîte d'allumettes suédoises. Alors que les encombrements fasaient rage, les borborygmes de Melle Raphaelle n'en finissaient plus.

Ce n'est qu'à la cinquième que tout partit en couille. Des glandes mammaires emplissaient les océans alors que des phallus en vadrouille se frayaient un chemin parmi les citrouilles de l'île Ste Madelaine de la Vache Croissante. La contrée était magnifique, un vrai plaisir pour l'oeil, même néophyte et inhabitué à de pareilles merveilles visuelles.

Je me demande s'il y avait une sixième. Les brutes sont vraiment énormes, le pachydermique en eux se sentait de l'autre côté de la planète. Les chinois, assurément, devraient les connaître. Ceux qui nient sont de mauvaise foi.

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