kékètt - histoires courtes

sexe abstrait | nouvelles peu crédibles | littérature ennuyeuse | science-fiction végétale | essais foireux

7.29.2005

Le Mucus de M.Alfred

Il était une fois, mais rien qu'une seule, si mes souvenirs sont exacts, dans un village perdu au fond d'un coin reculé sur une planète lointaine dans un cosmos rose à pois bleus dans un univers perpendiculaire un jeune garçon nommé Mireille.

Mireille était atteint d'une maladie curieuse qu'aucun praticien, même de renommée intergalactique, n'arrivait à guérir. On fit amener des confins de l'espace intersidéral un mage qui, disait-on, pouvait même guérir un politicien terrien [espèce particulièrement teigneuse] du besoin de voler la thune des gens.

Après un cocktail rafraîchissant, organisé par la famille du malade pour accueillir Phé Nissus IX, le mage arrivé par le dernier vol de la société américaine [Terre, Cosmos 125, Univers ZX-III] FREEDOM Airways sur une navette Freedom IV dont les performances ont beaucoup fait parler la presse spécialisée, les convives se réunirent autour d'un troubadour très célèbre et applaudirent chaudement à la fin de son numéro.

Pendant que s'installaient les proches et les invités trop bourrés pour se barrer dans les salons afin de déguster le succulent café bordzav de la maison, Phé Nissus se dirigea vers la chambre de l'enfant. Il se meuvait comme un vieil habitué des espaces de cette immense demeure car, comme on le sait bien, c'est un mage; il était en effet abonné au système MageGPRS-3D ver.0.6.12 dont bénéficient tous les mages de la galaxie syndiqués à l'U.I.G.M. [Union Inter-Galactique des Mages] et pouvait voir à travers les murs grâce au plug-in SuperMek 2 de la société terrienne Microcon téléchargeable sur le site de l'U.I.G.M.

"Ta maladie est très sérieuse, mon enfant"

La voix grave du mage tonna doucement dans la pièce où il venait juste de faire irruption. Mireille sursauta, et se retourna faiblement vers l'illuminant personnage.

"Ki êtes-vous?" quémanda-t-il d'un air de poule.
- Je Suis Celui Qui Te Connais Que Tu Ne Connais Pas

Phé Nissus parlait d'une voix veloutée, agrémentée de l'opus 1 de la sonate pour violon en Mi mineur de Handel en mode "Mix with conversation", chose permise par un autre plug-in distribué gratuitement aux détenteurs d'un compte Platinum sur le site de l'U.I.G.M., qui configure les cordes vocales à travailler en mode binaire multidirectionnel, ce qui permet des effets sonores surprenants. Mais n'est pas mage qui veut, il faut un minimum d'aptitudes physiques et mentales, ce qui explique la sporadicité des attaques pirates sur les serveurs de l'Union.

"Est-ce que je vais mourir?"
- Oui. Il existe un remède. L'unique. Mais c'est un remède dont l'ingrédient de base est impossible à trouver.
- J'ai peur...
- C'est normal, tu vas mourir.

C'est sur ces derniers mots que la mère de Mireille, Georges, fait irruption dans la chambre du futur cadavre de son pré-défunt fils, ses larmes inondant la moquette en glypthe et ses cris strident fissurant les vitres alentours. Autour de ses pas claquaient de petites flaques auprès desquelles de récentes communautés de grenouilles s'installaient confortablement.

- NOOOOOON MONSEIGNEUR NOOOOOOOOOOOOOOOOON!!! MON FIIIILS!!!! MON FIIIIIIIIIIIIIIILS!!!!!!

D'une claque habilement placée, Phé éclate la tronche de Georges, qui tombe lourdement dans des bouts de cervelle et se noie dans la moquette.

"Pourquoi t'as niqué ma mère comme çà? Elle s'occupait de moi et..."
- Trêve de sentimentalité, mon enfant. Les cris, les larmes, et la démence maternelle n'auraient pas amélioré ton cas, il est vrai sans espoir. Je vais pourtant, juste comme ça, pour qu'il ne soit pas dit que je n'ai pas mené mon combat pour la vie jusqu'au bout, te donner la formule du remède, le seul apte à te guérir de ta [fort laide] maladie: il te faut boire une infusion du mucus de M.Alfred.
- M.Alfred? C'est qui?
- Je ne sais pas.

Et le mage s'en fut.

Et on ne trouva jamais M.Alfred.

Et Mireille mourut pas longtemps après.

7.25.2005

Le Chevalier de Camelote

"Hoye, mon bon, hoye!!"

Gaspardon, fier étalon noir comme la nuit, ralentit ses pas, et cataclopa tranquilloiement sur le chemineau. Le Chevalier de Camelote tendit l'orey, laissant les moindres vibrations pénétrer son tympan la tête haute. Il recherchait une damoiselle à sauver de la détresse dans laquelle ces charmantes bêtes ont l'habitude de se fourrer. Il n'en trouvait pas, l'hiver étant rude cette année. Son sablier était détraqué, il se demandait quelle pouvait être l'heure... Son boulot l'emmerdait grave, il aurait de loin préféré jouer de la lyre, mais son père voulait pas.

"Mon bon Gaspardon, que mes narines me détrompassent, je humoie verticalement l'odeur parfuminée d'une damoiselle en détresse, pas très loin de cette mobylette, là"

"Hihihiiiiii" répondit le fier cheval, les narines dilatées, la langue humide.

Soudain, dans le lointain, un mugissement effroyable glaça la forêt, et messire de Camelote stoppa son cheval. Gaspardon avait les boules, c'est normal, c'était un mâle. "La damoiselle!!! Au galop, Gaspardon!!! Au galop!!!"

- Pardon patron, sans vouloir offenser son altesse parole, je pense tout simplement que ce bruit, là, que l'on vient d'entendre, n'est pas du tout celui d'une meuf.
- Que dis-tu là, Gaspardon?
- Je dit tout bêtement, comme ça, en y pensant à peine, que le son qui vient de titiller nos oreilles respectives n'est point celui d'une damoiselle en détresse
- Insinuerais-tu que je ne sais pas reconnaître le son d'une femelle, odieuse carne à pattes?
- Ah, loin de là! Mais que sur cette femelle là, vous faites certainement erreur!
- Gaspardon, épargne moi ton doute de mes fèces, et cataclope dans la direction dans laquelle je t'ordonne de catacloper et sans histoires!! P'tain de merdouze de froutre! Sans blague, c'est qu'un cheval et ça veut faire l'homme non mais vas-y quoi! P'tain...
- Patron, mon instinct de survie me dit tout bas ce qe je vous dis tout haut: n'y allons pas!

Messire de Camelote se retrouvait face à un dilemne d'une complexité toute nouvelle: son fidèle compagnon lui donnait un conseil tout à fait désintéressé, et il le savait. Gaspardon n'avait aucune ambition sur les richesses du Maître. Il lorgnait parfois sa douce Ampithèphe, qui l'attend au château, mais savait bien qu'avec celle-ci, il n'avait aucune chance de fonder un foyer; ils étaient en effet de couleur différente, et les pressions sociales aurient vite fait de transformer leur future vie potentielle en un enfer sauvage auquel il n'avait aucune envie de goûter. Mais d'un autre côté, ce fidèle compagnon, qui se meuvait encore à quatre pattes, avait le toupet et l'insolence de refuser de se soumettre à sa volonté de Chevalier de Camelote! Cet affront aurait mérité la mort, mais Gaspardon avait un piston, c'est d'ailleurs ainsi qu'il avait trouvé ce poste de cheval de chevalier. Mais ceci est une longue histoire, l'Histoire de Gaspardon, fidèle monture du Chevlaier de Camelote, qui pourrait faire l'objet à elle toute seule d'une parution dédiée.

Ne nous détournons pas du sujet central, et retournons à notre chevalier qui, à ce moment-ci, était descendu à terre, et se grattait copieusement le crâne à travers son heaume. Comme celà ne lui prodiguait aucune satisfaction, il enleva le heaume en acier, et se gratta le crâne à travers la peau de son scalp. Le plaisir lui arracha un gémissement de plaisir. Il fuma une cigarette sans filtre, réfléchit un moment, puis se retourna et dit à son cheval:

"Bon, Gaspardon. Si c'est comme ça, j'irai délivrer la damoiselle à pieds. S'il s'avère que ce n'est pas une damoiselle, je te couvre d'avoine garantie sans OGM. Mais dans le cas inverse, mon doux ami, je te jure sur mon foie que je te bouffe tout cru merdredi soir avec les potes à l'anniversaire de ma douce Ampitèphe."

Sur ce, et d'un pas décidé, il s'engouffra dans les ténèbres de la Forêt des Ténèbre.

[...à suivre...]

7.23.2005

Le grain

C'est l'histoire d'un grain de café qui n'aimait pas l'eau. À son grand malheur, il se fit un jour cueillir et déporter. Il finit dissous dans une tasse.

*L'auteur, sur ce point culminant, laisse perler une larme...*
- J'adore les jolies fins!, dit-il.

7.16.2005

La prairie verdoyable

Dans la prairie verdoyante broutait tranquille un troupeau de mammifères en mal de printemps: une chèvre, cinq moutons et un président de la république.

Hortense la chèvre avait du cul; elle demanda au président tout de go:
- Pourquoi broutez-vous mon herbe?
- Euh, mais enfin, ne voyez-vous donc pas que je suis le président?
- Et alors, celà vous octroie-t-il tous les droits?
- Je ne vois vraiment pas pourquoi vous me parlez sur ce ton. Vous devriez avoir honte: vous n'êtes qu'une chèvre!

Ce disant, il tourna la croupe et brouta bruyament en sifflant un air relax.

Hortense ne daigna pas relever l'offense.

Les moutons bêlaient d'imbécilité. Ils étaient d'ailleurs très heureux; le bonheur se gagne, il paraît.
Le président lâcha une bouse sur les herbes tendres qu'ils avaient déniché pour le déjeuner. Ils se répandirent en remerciements et immolèrent un tournesol pour l'occasion.

Berthe | Acte I - Sc.1,2

Acte I - Scène 1
Marthe, Abcinthe, un tabouret, une fenêtre ouverte donnant sur le parc aquatique

MARTHE:
Je suis incorrigible!

ABCINTHE: [embarassée]
Ça n'est pas bien grave, elle s'en remettra...

MARTHE: [irritée]
Ce n'est pas elle, la cause de mes malheurs! J'enrage! Que ce fut elle ou quelqu'un d'autre ne changerait rien à cette affaire, et n'adoucirait en rien l'exacerbation de mes sentiments les plus bestiaux!

[elle jette un poisson par la fenêtre]

ABCINTHE:
Calme toi, Marthe, dans des cas pareils, il est déconseillé de se mettre dans de tels états. Celà est mauvais pour les sécrétions nasales. Un médecin de mes amis me conta un jour une histoire similaire, Il était alors question de...

MARTHE:
Au diable ton médecin de mes poires! Ma vieille, tu ne comprends pas! D'ailleurs tu ne comprends jamais rien! Je me demande même quelle obscure nécessité me pousse à m'égosiller face à ta face de saumon surgelé! Dieu que tu es bête!

ABCINTHE:
Quoi qu'on en dise, je suis persuadée que ça ne sert à rien de perdre les pédales...

MARTHE: [en sortant de la scène]
Qu'elle est bête!



Acte I - Scène 2
Abcinthe, un tabouret, une fenêtre ouverte donnant sur le parc aquatique

[un homme entre par la fenêtre. Il tient à la main un poisson.]

L'HOMME:
Bonjour, je recherche le propriétaire de ce poisson. Je passais sur cette rue qui longe le parc aquatique sur son flanc Nord-Ouest, et ne voilà-t-il point que je reçois le cadavre encore frais de cette brave bête dans les bras. Seriez-vous capable de l'identifier?

ABCINTHE: [effarée]
Oh, Charpinthe! C'est Charpinthe qu'elle a balancé! La gar...

[Marthe débarque dans la pièce en coup de vent.]

MARTHE:
Qu'y a-t-il donc, Abcinthe? Qui est ce charmant personnage? Et pourquoi porte-t-il un poisson, il a l'air tout à fait grotesque! [se penchant vers Abcinthe, lui susurrant à l'oreille] Qu'étais-tu sur le point de dire?

ABCINTHE:
Oh! Qui ça? Moi?

L'HOMME:
Mes hommages madame, permettez moi de me présenter: Juliek Jourdain, pour vous servir. Je racontais à cette charmante demoiselle que, me baladant dans les parages, je reçus inopinément ce charmant poisson sur le crâne dans un premier temps, puis entre les bras.

MARTHE:
Excusez moi, noble monsieur, mais je ne vois absolument pas ce que vous voulez dire.

JULIEK:
Oh, ne vous en faites nullement, chère dame, je vais répéter plus lentement: je me baladais dans les parages et soudain, ce poisson me tomba sur la tête.

MARTHE:
Où voulez-vous en venir?

JULIEK:
Enfin madame, les poissons ne tombent pas du ciel, voyons!!

MARTHE:
Mais monsieur, je n'ai aucun contrôle de ce qui tombe du ciel moi, allez plutôt vous plaindre à la mairie; je crois qu'ils ont un département spécial "OTDC" qui saura certainement se rendre plus utile que moi!

JULIEK: [piqué au vif]
Si vous le prenez sur ce ton!

[Dans la phase de conclusion d'un habile déhanchement, Juliek propulsa le poisson par la fenêtre, et sortit par le tabouret.]

[RIDEAU]

[FIN de l'Acte I]

>>Acte II - Sc.1

7.14.2005

Le Pas Beau et le Ringard

Maître Pas Beau sur une marche accroupi tentait d'atteindre son oesophage. Maître Ringard, qui, en passant par là et donc voyant cette burlesque scène se passer devant ses propres yeux effarés lui tint à quelques nuances près ce langage:

"Maître Pas Beau, mon vieil ami, que faites vous donc? On dirait presque un corbeau. Pourquoi farfouillez-vous ainsi dans votre oesophage? Qu'espérez-vous y trouver?"

Maître Pas Beau, pas content du tout qu'on s'ingère dans ses affaires intérieures, se répandit en invectives à l'égard de Maître Ringard, qu'il traita d'espion sans nul égard envers leur vieille amitié:

"Et quoi encore, Maître Ringard? Manquait plus que ça! Tu veux y farfouiller toi-même, dans mon oesophage, dis voir?"

L'agressivité dont fit preuve Maître Pas Beau ne permit pas à la rhétorique passionnante qui promettait de se développer de le faire. Maître Ringard, écoeuré qu'on lui parle sur ce ton, haussa les épaules, et fit bloquer l'assistance annuelle qu'il allouait au développement de la cuvette de chiottes de Maître Pas Beau.

Le blocus fit son effet au bout de deux jours: Maître Pas Beau, acculé dans un sale coin sous la pression internationale et celle de ses propres quoique humbles besoins ne pouvait que revenir sur ses pas, et céder aux demandes de Maître Ringard:

"Très cher, ne voilà-t-il pas que je soupçonne depuis un certain temps une grenade d'obtruer mes canaux internes. J'essaie par les voies diplomatiques de contourner les voies digestives".

"Terroriste! Tu es fait comme un rat!", s'exclama Maître Ringard, qui le fit exploser sans autre forme de procès car, il est bien entendu, si ce n'était lui, c'eût été son frère.

7.12.2005

Le Terroriste et le Blaireau

Les petites vannettes bourrées de technologies de communication satellite s'amassaient autour du cratère creusé par la déflagration de 5g de téènneté. Les caméras, équipées de zooms superformants, tentaient de choper les débris éparpillés d'Arnaud le blaireau pour accomplir le scoop du jour. Les prix de la seconde de publicité avaient flambé, et chaque bout de chair pouvait encore élever la barre de quelques dollars. Dans les bureaux de See Haine Haine, on brainstormait autour d'un décaf' la phrase percutante à écrire dans la barre défilante des niouzes:

"Un blaireau en morceaux!"
"Le blaireau: ground Zéro!"
"Explosion coquette, blaireau en miettes!"
"The Blaireau Project"

On trouva la phrase, tout le monde applaudit, Sandrine sortit même fumer une cigarette. Pour une équipe, c'en était une: jamais un brainstorming ne s'était fait en vain. D'ailleurs, 281421906 américains peuvent en témoigner.

"Damn, faut encore trouver des rushes pour monter le docu sur la vie d'Arnaud"
- Shit
- Fuck.

7.11.2005

Le Prophete

Anatopole était un Prophète. Il le savait, bien avant sa naissance. En effet, le spermatozoïde et l'ovule qui le constitueront avaient suivi une formation intensive d'une durée de trois mois où ils apprirent les bases fondamentales élaborées à l'aide de plusieurs cours: Prédiction de l'Avenir, Théorie et Pratique de la Guérison, Histoire du Miracle, Miracles Naturels, Grammaire, Vocabulaire, Littérature, Scénographie et Art de l'Image.

Il réussit sa premiere guérison au stade embryonnaire de quatre semaines et demie en délivrant sa génitrice biologique d'une vilaine constipation.

Précoce, il fut lynché à un an et trente quatre jours A.S.N. [Après Sa Naissance] par son cousin Hurbert.

7.07.2005

La maladie du Tanthrax

Plus rien ne subsistait aux ravages qu'avait causé le Tanthrax dans la région. Alentours, on ne voyait que des lambeaux de chair. Glipsimède faillit glisser sur un bout de doigt.

L'absorption involontaire du Tanthrax pousse les organismes mammifères à l'explosion textile: les tissus se repoussent au niveau moléculaire à une violence telle que quelques secondes plus tard, l'ex-être n'est plus rien que l'on puisse reconnaître du premier regard.

La région, connue pour ce phénomène, attirait un volume impressionnant de touristes, qui rangeaient des petits lambeaux-souvenir dans de petits bocaux de formol, disponibles dans tous les bons commerces du centre.

Victime de son particularisme, le circuit touristique virait vers l'implosion. Les manques universels prenaient une coloration particulièrement inquiétante, et beaucoup d'aborigènes délaissaient le secteur pour aller se reposer la cervelle sur des terres abstraites.

La vie n'était pas compliquée, il suffisait simplement de faire avec ce qui était à portée de main.

7.06.2005

Justipethe le crabon

Il était un petit navire qui n'avait jamais navigué. Cependant, et contrairement à toute attente, il roulait à une vitesse peu probable et fumait comme un taré. À peine mis à la flotte, il coula comme un roc, et ce fut la noyade. Moults espèce animales marines y trouvèrent refuge, et décidèrent de concert que c'était un bien bel endroit pour établir sa demeure. Ils votèrent un parlement démocratique, et les plus forts gouvernèrent. Les lois y étaient justes et fruits d'une clairvoyance sans pareil. Elles étaient appliqués à tous [sauf aux plus forts, qui méritaient leur exclusion et qui d'ailleurs ne s'en plaignaient pas].

Le jour où Justipèthe le crabon naquit, il faisait bien mauvais et les courants arrachaient et emportaient tout le linge des simples gens. 33 ans plus tard, il mourut dans un filet de sole pleureuse. C'était petit de dire qu'il était né sous une mauvaise étoile.

À peine le sommet des imposantes cheminées du petit navire pointa-t-il le bout de son nez à la surface de l'Océan que la foule se flamba une petite tirade d'applaudissements qui crépita longtemps dans les airs. L'équipe de plongeurs du C.D.P.P.L.R.D.N.E.A.F.D.O. [Collectif De Plongeurs Pour Le Renflouement Des Navires Echoués Au Fond Des Océans] bronzait sous les flashes des photographes. Bien alignés, l'un à côté de l'autre, ils tenaient le passeport moisi de Phylactète Bornyphore, élue plus beau fossile 2005.

Cafardises

La mauvaise habitude des gens à vouloir s'ingérer dans les excréments d'autrui mène à un résultat universel: une puanteur globale.

La deuxième habitude collective humaine est de toujours se demander: "Pourquoi ça pue?"

La troisième est de s'adapter très rapidement à la puanteur ambiante.

7.05.2005

Boustiflore le moustique

Boustiflore est un suceur qui assumait ses pulsions. Rien n'arrêtait son avidité du globule. Cette denrée alimentaire, quoique bénéficiant d'une disponibilité assez large, souffrait de graves déficiences qualitatives. Boustiflore risquait la mort à une fréquence effrayante. Le moindre de ses repas prenait l'envergure d'une grande aventure.

Il évitait les claques comme pas un, et échappait aux pires empoisonnements. Il était immunisé contre l'alcool, le thc, le monoxyde de carbone, le big mac, le goudron, la nicotine, la cafféine, la cocaïne, le coca, le valium, la graisse, la silicone, les barbituriques, les boissons énergétiques, les radiations nucléaires; il survécut aux traces dexcréments, aux résidus de sperme, à d'ébahissantes stagnations sudoripares, à la lèpre, la peste, le choléra, aux mycoses, au sang libanais...

Il s'était lié d'amitié avec des individualités qui fréquentaient le coin; il aimait l'humidité et le jazz. Il zappait les pubs à la télé. Jamais il ne pissait debout. Il aimait bien les marais à proximité desquels vivait Gérard, d'ailleurs, il envisageait de prendre des vacances dans pas longtemps.

Le Plafond

Le vilain Ragorbert avait appris son plafond par coeur. Les yeux fixés vers le ciel en béton armé [sa piaule était encastrée dans une vaillante bâtisse des années 40], il attendait que sa douce moitié ait fini de lui pomper sa tendresse. Le quotidien frétillait d'inédits, dans quelques mois il pourrait finir sa thèse approfondie sur les moeurs de la multitude de bestioles qui s'activait là-haut, ainsi qu'une étude sur les poussées démographiques de ces sympathiques petites communautés. Il n'y a pas à dire, le sexe, ça cultive.

"Je te fais mal?"
- Mh?
- Je te fais mal?
- Non, non... Tu as vu avec quelle dextérité l'araignée se déplace autour de la bande de vers?
- Tu m'aimes?